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RICHE OU AIMÉE ?

vous eussiez passé avec nous une bonne journée ; et, ajouta-t-elle avec une intention marquée, j’eusse pu, là-bas, vous faire faire quelques connaissances, utiles pour un avenir auquel il sera peut-être bientôt temps que vous pensiez.

— Ma cousine, fit André plaisamment, vous me retournez le fer dans la plaie, j’en ai assez de mes regrets, ne les augmentez pas !

La comtesse n’insista pas, mais jeta un regard singulier à Gisèle, qui, à la réplique de M. de Chateaublon, n’avait pas su réprimer un sourire.

On se mit à table.

— Je propose, dit le comte, faisant le bon prince, pour dédommager les personnes qui n’ont pu assister hier à la fête, un déjeuner, ces jours-ci, au bois de Messin ; une réunion intime, nous irions en famille, mais on pourrait inviter aussi les de Chastel et les Brandis, qu’en dites-vous, Jeanne ?

— C’est à examiner, fit celle-ci froidement.

— Et vous, ma mère ? demanda, à Mme de Vauteur, le comte qui cherchait une approbation à tout prix.

— Je trouve, mon ami, que vous avez une idée extrêmement ingénieuse, répondit la douairière avec son fin et énigmatique sourire.

Ce fut Mme de Lacourselle qui, sans en avoir été priée, fournit l’assentiment vainement quémandé.

— Quelle aimable pensée et quel bon projet ! fit-elle, Gisèle sera enchantée, n’est-ce pas, mignonne ?

— Attendez, ma mère, dit celle-ci un peu nerveuse, avant de vous réjouir pour moi, que nous sachions si je serai conviée à cette partie-là.

Mme d’Azas sentit la pointe.

— On l’organisera pour vous, Gisèle, fit-elle.

— Vraiment, ma cousine, tant de bonté me confond, répondit la jeune fille très gaiment ; alors je fais comme maman, je me réjouis tout de suite.

Lorsqu’on fut sorti de table, André s’approcha de Gisèle et, à demi-voix, lui dit :

— À ce déjeuner projeté, vous irez ?

— Oui, fit Gisèle ; j’ai bon caractère, allez, le caractère d’un caniche à qui l’on refuse l’aile de