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RICHE OU AIMÉE ?

— Monsieur de Chateaublon, fit Mme de Lacourselle, on me trouve tous les lundis de cinq à sept.

Et comme André s’inclinait :

— Bon ! fit Gisèle à mi-voix, ça c’est le jour, la réception, la cérémonie, vous n’y manquerez pas, une fois de temps à autre, pour faire plaisir à maman ; mais, pour moi, vous viendrez un moment en passant, dans notre intimité, le soir, l’après-midi, quand vous voudrez, en souvenir de Bloicy et de notre alliance.

— De grand cœur, fit André, comptez-y.

VII

Quinze jours après, André quittait Bloicy ; sa permission expirée, il allait entrer en possession de son nouveau grade, et s’installer dans sa nouvelle garnison. Il prit congé de sa tante et des d’Azas avec de chaleureuses promesses de revoir prochain et de relations fréquentes, puisque les circonstances le rapprochaient d’eux tous ; mais l’ « à bientôt » qu’il échangea avec Gisèle fut le souhait de réunion dont la réalisation lui tenait le plus au cœur. Elle lui plaisait de plus en plus, la charmante fille, si spirituelle, si gaie, si originale ; non qu’il ne lui trouvât que des qualités, mais elle avait tellement la franchise de ses défauts que cela les atténuait.

Et ce qui le charmait plus que tout encore, c’était cette sympathie sans arrière-pensée qui les unissait. Il se trouvait, vis-à-vis de Gisèle, plus à l’aise qu’il ne l’avait jamais été avec aucune femme ; affranchi de la préoccupation de lui plaire, ne cherchant pas à s’en faire aimer, il se montrait à elle absolument tel qu’il était, sans farder ses sentiments ni son être moral, avec la confiance et la liberté qu’il eût éprouvées en face d’un camarade. Mais il trouvait dans son commerce avec elle plus d’attraits qu’en une liaison d’homme, car elle y apportait toute la délicatesse ingénieuse de son sexe, toutes les