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RICHE OU AIMÉE ?

fumer un cigare ; il passait par la rue de Fleurus et regardait instinctivement les fenêtres de Gisèle toujours fermées.

Un matin, au quartier, il entendit dire que le lieutenant d’Ulis s’était marié la veille : plusieurs de ses amis du régiment avaient assisté à la cérémonie et, en étant revenus, en parlaient à leurs camarades. Charmante, la mariée, une grande brune, mince, fine, distinguée ; pas précisément jolie, si l’on veut : mais une grâce exquise dans si longue robe blanche, puis si visiblement heureuse, si attachée à son fiancé !

— Un vrai mariage d’amour, conclut le capitaine Brivard, cela faisait du bien de voir leur bonheur. On a beau dire, on n’inventera jamais rien de mieux que cela.

— Vous devenez sentimental, mon capitaine, fit le vicomte de Cassepied, un sous-lieutenant tout frais émoulu de Saumur ; moi, il y a quelque chose que j’ai eu plus de plaisir à regarder que la félicité des époux, c’était la demoiselle d’honneur ; était-elle assez jolie ?

— Ça, c’était le clou de la fête, riposta un autre officier.

André s’était rapproché :

— Vous l’appelez, cette jeune fille ? fit-il.

Mlle de Lacourselle, dit le sous-lieutenant ; il n’y en a pas deux comme cela, à Paris, vous savez.

André souriait sous cape ; sa première pensée avait été de celer sa connaissance avec sa petite amie, car il craignait qu’elle ne fût mal interprétée ; puis, la réflexion vint lui démontrer que, comme elle ne pouvait manquer un jour ou l’autre d’être révélée, il était encore plus maladroit et périlleux d’en faire mystère.

— Je la connais, fit-il d’un ton qui affectait l’indifférence, c’est la nièce de ma tante de Vauteur, chez laquelle je l’ai rencontrée cet automne.

— Et vous en parlez avec ce calme ? fit M. de Cassepied, c’est donc que les trois galons nuisent à l’enthousiasme ?

— C’est-à-dire qu’ils révèlent un âge où l’on ne s’emballe plus comme au vôtre, fit André riant ; je