trouve Mlle de Lacourselle charmante, mais, c’est peut-être parce que je l’ai vue plus longtemps, et que la durée atténue les impressions, elle ne pas donné le coup de foudre, comme à vous.
— On, Cassepied ! firent les autres officiers en riant, il s’éprend de toutes les femmes qu’il voit !
L’arrivée du colonel les sépara, mais, tout en écoutant le rapport, André calcula que Gisèle lui avait dit qu’elle rentrerait à Paris sitôt après le mariage de sa cousine, et, le soir, il passa un peu plus tôt que de coutume, rue de Fleurus. Cette fois les persiennes étaient ouvertes, les fenêtres aussi, et il aperçut le bonnet blanc d’une bonne qui lui sembla raccrocher des tentures ; il n’y put tenir et entra chez le concierge.
— Mme de Lacourselle ? demanda-t-il.
— Mme de Lacourselle n’est pas rentrée, monsieur, répondit la bonne femme, sa domestique est arrivée aujourd’hui, on l’attend demain.
Le lendemain, André se fit une raison pour ne pas passer rue de Fleurus ; il n’aurait su résister au désir d’entrer ; mais, le surlendemain, il fit toilette, et, à quatre heures, ayant gravi quatre étages dans un grand escalier un peu noir et sans tapis, il sonna à l’appartement des dames de Lacourselle.
Une jeune bonne, mise avec une simplicité très correcte, vint ouvrir.
— Mme de Lacourselle est sortie monsieur, répondit-elle à sa question.
Un peu déçu, André chercha ses cartes, mais par malice, il décrocha son sabre, qui, heurtant ses éperons, fit, en retombant à terre, un cliquetis formidable : car il s’était mis en uniforme pour le plaisir enfantin de se montrer à Gisèle, sous un jour nouveau. Ce stratagème lui réussit au bruit de ses armes, une porte s’ouvrit et Gisèle passa sa tête rieuse et ébouriffée pat l’entre-bâillement. Reconnaissant André, elle eut un cri de joie sincère, et, se montrant tout à fait, lui tendit les deux mains.
— Je m’en doutais, dit-elle, que c’était vous, les officiers sont rares, qui sonnent à notre porte. Heureusement que j’étais là ! on vous renvoyait
