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RICHE OU AIMÉE ?

rajustant la ceinture qui unissait sa petite blouse de flanelle rose à une jupe grise un peu défraîchie. Mais bah ! ce n’est pas ma toilette que vous venez voir, n’est-il pas vrai Et, gaiment, elle se mit à babiller, racontant le mariage de sa cousine, ses impressions sur elle, sur son mari.

— Très gentil, vous savez, M. d’Ulis, tout à fait comme vous me l’avez dépeint, un vrai héros de roman. Quel dommage qu’il ait si peu de fortune ! Car enfin, comment vont-ils s’en tirer et ici, à Paris, où la vie est si difficile… Nous allons les voir à l’œuvre… Dieu veuille qu’ils en viennent à bout !

Sur ces entrefaites, Mme de Lacourselle entra, vêtue d’une robe noire fort élégante qu’André se rappela lui avoir vue à Bloicy.

— Mon cher monsieur, fit-elle, s’avançant au devant du jeune homme et lui serrant la main avec une véritable effusion, que je suis charmée de vous voir, mais que je suis désolée de vous recevoir dans un taudis pareil, au milieu de ce désordre, de ces caisses que nous n’avons pas eu le temps de défaire, de ces housses que nous n’avons pas encore ôtées, de cette poussière, de ces araignées !

Et Mme de Lacourselle, étendant les bras vers tous ces sujets de désolation qui n’existaient que dans son imagination, André ne mit réprimer un sourire.

— Quelle opinion vous allez remporter de notre appartement, de notre intérieur, continua-t-elle, surtout le voyant si mal arrangé et revenant de Bloicy !… Voilà ce que c’est, voyez-vous, avec des ressources limitées, on rentre de voyage, on n’a pas sous la main une équipe de serviteurs pour faire disparaître les traces inévitables d’une absence un peu prolongée et l’on offre aux yeux de ses visiteurs un spectacle comme celui-ci. Mais, revenez un peu plus tard, lundi par exemple, et nous tâcherons de vous faire oublier cette première et détestable impression, qui pourrait éloigner de notre demeure le cher neveu de ma sœur de Vauteur, ce dont nous ne nous consolerions pas.