Page:Flourens - De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe (1855).djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 140 —

lentes celles qui agissent à chaque instant, sans interruption, sans relâche, et qui, ajoutant chaque jour un petit changement à un autre petit changement, finissent par amener, à la longue, des résultats notables et de grands effets.

C’est par un pareil progrès insensible que se font tous les changements physiques du progrès des âges : la continuité du mouvement en dérobe la marche ; on ne voit point, on ne prend point sur le fait l’accroissement des parties, et cependant elles croissent ; on ne voit point, on ne prend point sur le fait le changement de leurs proportions relatives, et cependant au bout de quelques années, ces proportions ont changé, et tellement changé que, dans plus d’un cas, il nous est difficile de reconnaître l’individu, et même l’espèce.

Il a fallu toute la sagacité, la sagacité si exercée de Cuvier, pour reconnaître dans le jeune orang-outang l’orang-outang adulte, l’énorme pongo ; on a fait jusqu’à ces derniers temps deux espèces du mandrill ci du choras, c’est-à-dire du jeune mandrill et du mandrill