dance quelconque à se transmuer, à se transformer, à passer de l’une à l’autre, le temps, qui, en chaque chose, amène toujours tout ce qui peut être, n’a-t-il pas fini par révéler, par trahir cette tendance, par l’accuser ?
Mais le temps, me dira-t-on peut-être, le temps a manqué. Il n’a point manqué.
Voici deux mille ans qu’écrivait Aristote, et nous reconnaissons aujourd’hui tous les animaux qu’il a décrits ; et nous les reconnaissons aux caractères qu’il leur assigne : nous reconnaissons son hippélaphe dans notre cerf à crinière, son mulet sauvage dans notre hémione, etc., etc. ; M. Cuvier a pu écrire cette phrase, si remarquable au point de vue qui m’occupe : « L’histoire de l’éléphant est plus exacte dans Aristote que dans Buffon. »
On nous a rapporté, on nous rapporte chaque jour d’Égypte les restes d’animaux qui vivaient il y a deux et trois mille ans : de bœufs, de crocodiles, d’ibis, etc., etc. ; les bœufs, les crocodiles, les ibis actuels ne diffèrent en rien de ceux-là. Nous avons sous les yeux des momies humaines : le squelette de