Page:Flourens - De la longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe (1855).djvu/244

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Le fait à expliquer est celui-ci : tandis que nos continents étaient couverts par la mer, il y avait d’autres continents. Ces continents antiques sont devenus les mers actuelles ; les mers d’alors sont devenues les continents d’aujourd’hui. Comment ce changement s’est-il opéré ? Deluc ne voit pas le mécanisme réel, qui est le soulèvement des montagnes ; il s’arrête au mécanisme apparent, qui est l’affaissement des plaines. Il combat, dans Buffon[1], l’idée des feux intérieurs du globe, cette grande idée sur laquelle repose toute la géologie de nos jours. Singulier contraste ! c’est Buffon, c’est l’homme qui n’avait pas vu les montagnes[2], qui, sur leur formation, touche à l’idée vraie, et c’est Deluc, c’est l’homme qui avait passé sa vie à parcourir, à explorer, à pratiquer, si je puis ainsi dire, les montagnes, qui la repousse.

  1. Voyez, t. V, p. 517 et suiv., son Examen du système cosmologique de Buffon.
  2. Pallas lui en a fait le reproche formel : « Buffon semble n’avoir jugé des montagnes en général que par celles de la France… » — Voyez mon Histoire des travaux et des idées de Buffon.