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pas seulement soutenir ma vie, mais qu’il fallait encore en augmenter la vigueur, en mangeant un peu plus que je ne faisais. J’eus beau leur représenter que la nature se contente de peu ; que ce peu m’ayant maintenu depuis longtemps en bonne santé, cette habitude était passée chez moi en nature… Tout cela ne les persuada point. Lassé de leur opiniâtreté, je fus obligé de les satisfaire. Ainsi, ayant accoutumé de prendre en pain, soupe, jaunes d’œufs et viandes, la pesanteur de douze onces, j’accrus ce poids jusqu’à quatorze, et, buvant quatorze onces de vin, j’en augmentai la dose jusqu’à seize.

« Cette augmentation de nourriture me fut si funeste, que, de fort gai que j’étais, je commençai à devenir triste et de mauvaise humeur ; tout me chagrinait ; je me mettais en colère pour le moindre sujet, et l’on ne pouvait vivre avec moi. Au bout de douze jours, j’eus une furieuse colique, qui dura vingt-quatre beures. Il ne faut pas demander si l’on désespéra de ma vie, et si l’on se repentit du conseil qu’on m’avait donné… »