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très-sûr, et c’est celui que Cornaro vient de nous donner, la vie sobre. La vie sobre, j’entends la vie bien ordonnée, bien conduite, la vie raisonnable, est le moyen, et le moyen sûr de prolonger la vie. Mais de la prolonger, c’est-à-dire de la faire aller au delà du terme marqué par la constitution de l’homme : non, sans doute, il n’y en a point.

Cardan nous dit gravement que les arbres ne vivent plus longtemps que les animaux que parce qu’ils ne font pas d’exercice[1]. L’exercice accroît la transpiration ; la transpiration abrége la vie : pour vivre longtemps, il n’y a donc qu’à ne pas bouger. On passe cela à Cardan. On passe plus difficilement à Bacon, le père de la philosophie expérimentale, la même idée, et les onctions huileuses qu’il conseille pour empêcher la transpiration. Maupertuis voulait que l’on se couvrît le corps de poix, et Voltaire se moquait de Maupertuis.

Chaque espèce d’animal a sa durée déterminée de vie. C’est ce que Buffon avait bien

  1. Cardan, Plantæ cur animalibus diuturniores : De Sublilitate, p. 826.