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dans Buffon un auteur plus désintéressé, plus libre. Il n’avait que soixante et dix ans (pour Buffon, c’était être jeune), quand il écrivait le passage que l’on va lire ; il était dans toute la santé, dans toute la force du corps et de l’esprit, et ce qui, dans ce cas particulier, dit plus encore, du talent : ce talent montait, et devait bientôt s’élever jusqu’à l’ouvrage le plus admirable de Buffon, jusqu’aux Époques de la nature. Aussi Buffon appelle-t-il nettement la vieillesse un préjugé[1], mot caractéristique.

Mais ce n’est pas tout. Sans notre arithmétique, nous ne saurions pas, selon Buffon, que nous vieillissons. « Les animaux, dit-il, ne le savent point ; ce n’est que par notre arithmétique que nous en jugeons autrement. »

Voici le passage que je viens d’annoncer. On remarquera que Buffon s’y anime, s’y met en scène, y parle, y gourmande les jeunes gens, ces jeunes gens toujours si prompts à se croire et à se donner en tout l’avantage.

« Chaque jour que je me lève en bonne santé,

  1. « Le philosophe doit regarder la vieillesse comme un préjugé. »