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leur dit Buffon, n’ai-je pas la jouissance de ce jour aussi présente, aussi plénière que la vôtre ? Si je conforme mes mouvements, mes appétits, mes désirs, aux seules impulsions de la sage nature, ne suis-je pas aussi sage et plus heureux que vous ? Et la vue du passé, qui cause les regrets des vieux fous, ne m’offre-t-elle pas, au contraire, des jouissances de mémoire, des tableaux agréables, des images précieuses qui valent bien vos objets de plaisir ? car elles sont douces, ces images ; elles sont pures, elles ne portent dans l’âme qu’un souvenir aimable ; les inquiétudes, les chagrins, toute la triste cohorte qui accompagne vos jouissances de jeunesse, disparaissent dans le tableau qui me les représente ; les regrets doivent disparaître de même : ils ne sont que les derniers élans de cette folle vanité qui ne vieillit jamais.

« N’oublions pas un autre avantage, ou du moins une forte compensation, pour le bonheur de l’âge avancé ; c’est qu’il y a plus de gain au moral que de perte au physique : tout au moral est acquis ; et, si quelque chose