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au physique est perdu, on en est pleinement dédommagé. Quelqu’un demandait au philosophe Fontenelle, âgé de quatre-vingt-quinze ans, quelles étaient les vingt années de sa vie qu’il regrettait le plus : il répondit qu’il regrettait peu de chose ; que, néanmoins, l’âge où il avait été le plus heureux était de cinquante-cinq à soixante-quinze ans. Il fit cet aveu de bonne foi, et il prouva son dire par des vérités sensibles et consolantes. À cinquante-cinq ans la fortune est établie, la réputation faite, la considération obtenue, l’état de la vie fixe, les prétentions évanouies ou remplies, les projets avortés ou mûris, la plupart des passions calmées ou du moins refroidies, la carrière à peu près remplie pour les travaux que chaque homme doit à la société, moins d’ennemis ou plutôt moins d’envieux nuisibles, parce que le contre-poids du mérite est connu par la voix du public, etc., etc. »

Dans mes lectures de Buffon, je suis toujours frappé du ton de respect avec lequel il cite Fontenelle, et il le cite souvent. Quelque-