Page:Focillon - L’Art bouddhique.djvu/208

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nieuse, de la permanence et de la stabilité. Plus tard, au dix-septième siècle, en dessinant pour les laqueurs des modèles de compositions décoratives, Kô-rin conserve aux plantes, aux bêtes, aux éléments le prestige de la grande forme et le charme de cette spiritualité délicate sans laquelle l’art, pour les Japonais, serait dépourvu de sens et d’intérêt.

Mais descendons encore, allons jusqu’à cette époque qu’il est de mise de négliger désormais, pour se vouer exclusivement aux recherches archaïsantes, feuilletons une fois encore les recueils des admirables estampeurs de la fin du XVIIIe siècle à qui nous avons déjà demandé des enseignements. L’élite, il est vrai, les reléguait au dernier rang ; ils étaient les peintres de l’école vulgaire, opposés aux peintres des académies Kano, seuls admis par les doctes, à cette époque intoxiquée de pensée et d’art chinois. Mais il se trouve que ces amuseurs du peuple étaient les vrais dépositaires de la tradition yamatisante, les continuateurs authentiques d’un art de largeur et de vérité. La femme de Kiyonaga, la femme d’Outamaro, — je pense non seulement à la série des grandes Têtes, à la Sortie Nocturne, à la Toilette, aux Maternités, mais à ses ouvrières, à ses courtisanes, si dignes dans le travail et dans la volupté, — sont, par la force, la grâce et la noblesse, les sœurs de ces jeunes Athéniennes qu’au IVe siècle avant Jésus-Christ, les peintres de vases traçaient d’un pinceau léger sur l’argile blanche des lécythes. M. Pottier a eu bien raison de le