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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/104

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costez sans cesse. L’Hyver, le Printemps, l’Esté, et l’Automne ne luy estoient non plus qu’à une pierre ou à un arbre. Quand il avoit faim, il avaloit tout ce qu’il trouvoit devant luy, cuict, ou non cuict, ou-chair, ou oignons, du gland, des fraises, des noix, des chastaignes, des nefles, des meures, des pommes, des cornies, des prunelles, et des grateculs. Il devore tout, et son estomach comme celuy d’une Austruche consommeroit l’acier. Tout ce qu’il beuvoit estoit ou l’eau d’un baing, ou de quelque fosse, ou du vin doux, ou rude, selon qu’il le rencontroit. Berthe avoit cependant espousé une femme nommée Dine, de laquelle, l’ayant promptement engrossée, il avoit un fils nommé Zambelle. Mais, l’an d’après son accouchement, à grand peine estoit-il accomply, qu’icelle mourut de maladie. Ce qui apporta à Balduine un grand ennui. Ainsi Berthe demoura sans espouse, lequel Balde reconnoissoit tousjours pour son pere, et Zambelle pour son frere. Berthe les envoioit tous deux ordinairement aux champs avec sa vache et ses chevres : mais le sang, dont estoit sorti Balde, ne pouvoit porter tels empeschemens. La conduite des chevres, ny la hantise du village, ne luy plaisent point, et, au lieu de s’employer à tel exercice, dès le matin il s’en alloit en la ville de Bianorée, laquelle luy plaisoit tant, qu’il n’en pouvoit sortir. Bien souvent ne revenoit à la maison que sur le soir, rapportant quelquesfois ses habillemens deschirez, et des coups à la teste. Ce petit maling, ainsi qu’est la coustume des enfans, maintenant à coups de pierre, maintenant à coups de poing, se combattoit avec ses pareils, voire contre plus grands que soy, taschoit d’en emporter l’honneur, et desiroit et s’efforçoit de se monstrer devant un chacun estre le premier avant tous compagnons. Et ne faut pas que vous pensiez qu’il fut le dernier à aller au combat ; mais avec sa voix puerile s’escrioit comme brave et hardi par dessus tous les autres, les provoquant. Il avoit la dexterité de se guarantir de plus de cent coups de pierre, et