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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/105

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ne failloit gueres d’en donner autant sur la teste de ses ennemis. Balduine cependant avoit acheté un petit livret pour luy apprendre son A, B, C ; mais avec iceluy Balde n’alloit jamais à l’eschole que malgré soy, et ne falloit pas penser que la mere, ou autre maistre d’eschole peust forcer un tel enfant. Ce neantmoins, en trois ans on le veid tant avancé aux lettres, qu’il retenoit par cœur tous les livres qu’il lisoit, et recita en un jour tout l’Æneide de Virgile devant son maistre par cœur, tant les guerres descrites par cet autheur luy plaisoient. Mais, après qu’il eut mis le nez dedans les gestes de Roland, il quitte là incontinent les regles du Compost : il ne se soucia plus les especes, des nombres, des cas, ny des figures : et ne feit plus d’estat d’apprendre le Doctrinal[1], ni ces differences de hinc, illinc, hoc, illoc, et autres telles sophistiqueries, ou fanfrelucheries des Pedans. Il fait des torcheculs de son Donat[2], et de son Perot, et de la couverture en fait cuire des saucisses sur le gril. Rien ne luy plaist que les beaux gestes de Roland, de Renaud, par la lecture desquels il eslevoit son courage à choses grandes. Il avoit leu Ancroye, Trebisonde, les faits d’O-

  1. Ce titre fut donné à divers ouvrages fort goûtés à cette époque. Le Doctrinal de Sapience, de Guy de Boy, jouit longtemps d’une grande réputation. On vit paraitre en vers français le Doctrinal des bons serviteurs, des femmes, des filles, des femmes mariées. Michault composa le Doctrinal du temps. Un poëte resté ignoré composa le Doctrinal sautvaige.
  2. Ælius Donatus, grammairien romain, vivait vers le milieu du quatrième siècle. Il eut saint Jérôme pour éléve. Il est l’auteur de divers ouvrages de grammaire ; l’un d’eux devint une petite. syntaxe latine à l’usage des écoliers, intitulée de Octo partibus arationis, et réimprimée maintes fois au quinzième et au seizième siècle. Le nom de Donat finit par signifier toutes sortes de leçons et en général un traité élémentaire quelconque. Quant à Nicolas Perot, né en 1450, il fut l’auteur des Redimenta grammatices dont les éditions furent des plus nombreuses depuis l’origine de l’imprimerie jusque vers l’an 1510, où l’on eut recours à des ouvrages mieux rédigés.