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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/108

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sans grand’louange a voulu chanter la belle Leandre[1]. Il print plaisir à lire comme Roland fut amoureux de la belle Angelique : comme estant ou feignant estre devenu fol, il tiroit après soy une jument morte : comme il touchoit devant soy un Asne chargé de bois, et comme il s’envola en l’air ainsi qu’une Corneille. Par telles lecture Balde s’excitoit grandement aux armes, mais se faschoit d’estre encore de si petit corsage. Il portoit une petite espée attachée à sa ceinture, de laquelle il faisoit peur aux plus braves ; et jamais ne voulut endurer un coup de foüet : et, pour se faire craindre à l’eschole, rompoi tables avec ses livres, et la teste à son maistre. C’est une usance quasi par toutes villes, que les jeunes enfans se font la guerre les uns contre les autres à coups de pierre ; et de là bien souvent naissent des envies les uns contre les autres, qui enfin engendrent de longues inimitiez. Comme un paysan n’abbat point avec une gaule tant de gland pour le faire paistre et manger à ses pourceaux, afin de les engraisser ; ainsi un jour voyoit-on autant ou

    blié pour la première fois à Lyon en 1489 et souvent réimprimé depuis. Il ne faut d’ailleurs voir dans ce récit, traduit également en anglais et en allemand, qu’une contrefaçon peu ingénieuse du poëme de Cleomades, composé au douzième siècle par Adenes. Le livre français a été analysé dans la Bibliothèque des Romans, mai 1777, p. 160 à 215, et apprécié par M. Saint-Marc Girardin, Cours de littérature dramatique, t. III, p. 215.

  1. Folengo désigne ici Pier Durante da Cocaldo, auteur resté ignoré d’un poëme sans mérite intitulé : Libro d’arme et d’amore chiamato Leandra, nel quale se tratta delle battaglie et gran fatti delli baroni di Francia el principalmente di Orlando et di Rinaldo. Malgré sa médiocrité, cet ouvrage en vingt-cing chants, publié en 1508, fut souvent réimprimé pendant le seizième siècle. Le titre l’indique comme extrait de la véridique chronique de Turpin, archevêque de Paris, et comme opera bellissima et delettevole quanto alcuna altra di battaglia con molti dignissimi detti el elucidiss me sententie. Un littérateur français, tombé dans l’oubli, de Nerveze, donna à Paris, en 1608, les Aventures guerrieres et amoureuses de Léandre ; c’est une imitation en prose du poëme italien.