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Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/78

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soldats ? Tant s’en faut : mais ç’a esté un visage lascif d’une putain[1], au laz de laquelle ce putacier chevretier, ce Paris, prins, par les jambes et les aisles, comme s’arreste l’oyseau sur la perche, apasté par l’art et industrie d’un pippeur, a faict ce bel essay, que d’une guerre de fuzeaux il s’est rendu la foudre et la tempeste de son pays. » Par telles remonstrances Sinibalde pressoit son compagnon, quand en la mesme chambre vint entrer un autre compagnon de Guy, nommé Franc, armé de belles et luisantes armes, auquel le Roy avait aussi commandé de venir veoir quels empeschemens retenoient Guy au logis. Alors la honte n’a peu retenir davantage Guy au lict : et se jettant iceluy en pieds, demande ses armes. Ses serviteurs

  1. Ce mot, qui choque avec raison le lecteur du dix-neuvième siècle, n’éveillait nullement la susceptibilité de nos ancêtres.
    On le retrouve dans une foule de pièces de théâtre de la première moitié du dix-septième siècle. La tragédie de François Perrin, Sichem ravisseur ou la Circoncision des incirconcis, Rouen, 1606, se termine par ces deux vers :

    Quoi ! voulez-vous laisser impuni le vilain,
    Abusant de ma sœur comme d’une putain ?

    Il était même alors admis en chaire, et des prédicateurs réimprimant leurs sermons avec approbation et privilége ne se croyaient nullement tenus de l’effacer. On peut s’en convaincre en parcourant les Sermons du Père Bosquet, publiés à Arras aut commencement du règne de Louis XIII.
    L’Italie offre dans ses poëmes et dans son théâtre maint exemples analogues. Dans l’Orlando innamorato de Berni, Charlemagne, irrité contre Roland, promet de pendre de ses propres mains ce figlinol d’una puttana rinegato.
    Une comédie de Fedini, I due Penilie, Florence, 1583, représentée solennellement en présence de la grande-duchesse de Toscane, nous fait entendre cette exclamation :

    O puttana de mi, ha gran potenza l’amor,

    Un auteur comique assez fécond, François Loredano, plaçait, dès le commencement de sa comédie de la Malandrina, Venise, 1587, in-8, ces paroles mal sonnantes : Voler che s’insegni l’arte del puttanezzo à puttane avezze al bordello.