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ŒUVRES DE FONTANES.

Contre les terreurs de la tombe
Vous avez su me prémunir ;
J’appris moi-même à votre école
Que l’innocence qui s’immole
D’un peuple entier sauve les jours ;
La mort, objet de mon envie,
N’est que le milieu d’une vie
Qui recommence pour toujours[1].

Enfermez dans ma sépulture
Ma harpe, mon premier trésor ;
Joignez-y ma blanche ceinture,
Mes bracelets, mon collier d’or ;
De roses qu’on orne ma tête,
Que la main des vierges m’apprête
Mon voile le plus éclatant ;
Je veux monter, ainsi parée,
Vers la couche qu’a préparée
Le Dieu qui m’aime et qui m’attend.

Quand j’aurai franchi le passage
Du sombre fleuve de la mort,
De votre part qu’un doux message
Souvent m’arrive à l’autre bord !
Le trajet est court et facile ;
Dans la nuit, une barque agile

  1. On a cherché, dans cet strophe et dans celles qui suivent, à rendre l’esprit de la mythologie gauloise.