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LA MAISON RUSTIQUE.

Aimable obscurité ! puissent dans tous mes sens
Se glisser la vapeur de ces flots jaillissants !
Que leur murmure est doux ! ô combien ils me plaisent
Ces humides échos qui jamais ne se taisent !
Tel, Ovide nous peint des plus riches couleurs
L’abri de cette grotte où, fuyant les chaleurs,
Jadis venaient Diane et ses vierges fidèles
Jouer dans le cristal d’une eau pure comme elles.
Croirai-je au châtiment du chasseur indiscret
Qui de leur bain modeste a trahi le secret ?
La pudeur à ses droits, respectons ses mystères ;
Mais que les Déités ne soient plus si sévères !

 Un beau parc est des Grands l’ordinaire séjour ;
Le luxe est fait pour eux, il convient à leur cour.
Je veux y voir le goût éclairer l’opulence.
À la voix de Mansard la colonne s’élance,
Et donnant plus de grâce et de pompe au château,
Des replis de l’acanthe orne son chapiteau.
Là viendront à la fois, sans jamais se confondre,
Du parc, en un seul point, les aspects correspondre.
À l’œil comme à l’esprit tout plait par l’unité :
D’un drame et d’un poëme elle accroît la beauté ;
Je veux qu’elle orne aussi les jardins que je trace.
Artistes, venez tous ! c’est ici votre place ;
Venez : que vos travaux soient encor secondes
Et par d’autres Louis et par d’autres Condés.
N’allez donc point offrir, dans de vains paysages,
Des fermes, des hameaux les bizarres images.
Sommes-nous chez Mopsus, ou Ménalque, ou Mœris ?