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ŒUVRES DE FONTANES.

Du palais d’Apollon élevez les lambris ;
Ouvrez-moi les bosquets où ce Dieu se repose :
Peignez-moi les héros et leur apothéose.
Étonnez, mais charmez : que tout plaise à mes yeux ;
Les Grâces dans l’Olympe habitent près des Dieux.
Faites jouer l’Amour au milieu des trophées ;
Rappellez-moi ces temps où d’amoureuses fées,
Vers un château lointain entraînant un héros.
Tentaient de l’endormir dans les bras du repos :
Les déserts étonnés fleurissaient autour d’elles.
Artistes des jardins, ce sont là vos modèles !
Voyez sous cet ombrage errer de toutes parts
De magiques esprits, emblème des beaux arts.
Ils animaient les bois, les rochers, les fontaines,
Faisaient vivre le bronze, et parler ces syrènes
Dont le sein demi-nu s’élevait sur les eaux :
Le Tasse et l’Arioste ont créé vos tableaux.
Déjà vous accourez : nos vieux parcs vous implorent ;
De sacrilèges mains partout les déshonorent :
Hélas ! Sceaux disparut, Anet a succombé,
Marly même, ô regrets ! sous le fer est tombé ;
Versaille étale au loin sa grandeur désolée,
Comme un reine en deuil qui, d’un crêpe voilée,
Vers Thèbe, ou Babylone, ou Palmire, ou Memphis,
Couvrirait de ses pleurs le tombeau de son fils.
Rendez à ces beaux lieux leur première jeunesse ;
Que d’un siècle immortel la splendeur y renaisse.
Beau Siècle, est-on français, lorsqu’on t’ose insulter ?

 J’aime (dut Gérardin contre moi s’irriter !)