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LA GRÈCE SAUVÉE.

Et les monts et les mers, qu’à peine il put franchir,
Sous son sceptre orgueilleux s’indignant de fléchir ;
Et contre l’Hellespont ses vengeances bizarres,
Et deux mondes tremblant sous le poids des Barbares ?
Guerriers, c’est votre voix qui prévint nos revers :
Corinthe, qui s’assied sur les flots des deux mers,
Vous vit alors, au nom des cités de la Grèce,
Dans son Isthme assemblés, peser avec sagesse
Nos communs intérêts, nos dangers, nos destins ;
Delphes vous envoya ses oracles certains.
Alors, vous le savez, les haines s’apaisèrent. ;
Sur Thémistocle seul les regards s’attachèrent ;
De son ferme génie on rechercha l’appui,
Et les lâches conseils se turent devant lui.
Le danger révéla tout le prix d’un grand homme.
Souffrez qu’aux yeux des Grecs, de ce nom je vous nomme,
Thémistocle ! ma voix, qu’ils daignent avouer,
De Léonidas même apprit à vous louer.
La Grèce vous chargea du soin de sa défense ;
Une flotte, témoin de votre prévoyance,
Et de vos grands desseins assurant le succès,
Vers les rives d’Eubée alla chercher Xerxès.
Là, sur d’étroites mers pour lui seul dangereuses,
Il ne peut gouverner ses poupes trop nombreuses ;
Les mers l’ont combattu, la tempête a grondé :
Les écueils et les vents, tout vous a secondé.
Xerxès a vu des flots l’orageuse inclémence
Une seconde fois châtier sa démence ;
Il a maudit l’Eubée, et son orgueil surpris,
Ainsi que l’Hellespont, le couvre de débris.