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LA GRÈCE SAUVÉE.

De son pays natal garde encor l’âpreté.
Il parait, son aspect est moins fier que farouche ;
L’audace est sur son front, l’insulte dans sa bouche,
Et dès le premier choc il croit nous accabler.
Il court, Léonidas l’attend sans se troubler,
L’observe, et le trompant par une heureuse feinte,
Nous ordonne de fuir jusqu’à l’étroite enceinte
Où les Grecs, défendus par la nature et l’art,
Ont des Phocidiens relevé le rempart.
L’ennemi, qui nous suit, dans ce détroit s’engage ;
Alors, le glaive en main, nous tournons le visage ;
Les Perses sont surpris, incertains, éperdus,
Ils tombent l’un sur l’autre, ils meurent confondus ;
Les vainqueurs, les vaincus poussent des cris horribles ;
Ces soldats, que Xerxès crut long temps invincibles,
Espéraient le triomphe et rencontrent la mort.

 Mais Tigrane indigné tente un nouvel effort,
Ranime ses soldats, les remplit de sa rage :
On se mêle, on combat, et le bruit du carnage
Frappe les mille échos de ces vastes forêts.
Les nymphes ont gémi dans leurs autres secrets,
Le Dieu du fleuve tremble en sa grotte profonde,
Et fuit, couvert du sang qui vient grossir son onde.
Le guerrier dans la foule a choisi le guerrier,
Le bouclier d’airain choque le bouclier,
De sueur et de sang la cuirasse est trempée,
Et l’épée à grand bruit se brise sur l’épée.

 Les enfants de Cyrus, du plus grand de leurs rois