Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
ŒUVRES DE FONTANES.

Soutinrent quelque temps le nom et les exploits ;
Je ne puis le nier, j’admirai leur courage.
Ah ! pourquoi leur sert-il à fonder l’esclavage ?
Pourquoi tant de valeur se vend-elle aux tyrans ?
Tigrane le premier fait tomber dans nos rangs
Phémius dont la voix aux Muses était chère,
Le jeune Alcimédon, seul appui d’un vieux père ;
Dans leur sang avec joie il imprime ses pas.
Deux satrapes fameux, Pharnace et Gobryas,
Frappent Erox, Agis, tous deux fils d’un éphore ;
Les forêts du Ménale en gémissent encore :
Diane n’eut jamais de chasseurs plus fameux.
Agis même, en tombant, est outragé par eux.
Léonidas accourt : la mort est sur sa trace.
Il abat en passant Gobryas et Pharnace,
Phédime que l’Oxus vit régner sur ses bords,
Hydaspe qui, de l’Inde étalant les trésors,
Couvrit de diamants son éclatante armure,
Dans l’empire des morts inutile parure ;
Et Zopire et Cédar, et Sozame, et Smerdis,
Phanor qui vers le Gange a triomphé jadis,
Le gigantesque Arsès, Busiris, Pharasmane,
Ce Mégabyse enfin qui régit Ecbatane,
Et qui, de Darius orgueilleux favori,
De la sœur de son maître en secret fut chéri.
Chaque coup de sa lance annonce un fils d’Hercule
Et Tigrane lui-même en frémissant recule.
Dans ses rangs entr’ouverts il cherche un faible appui,
Nos plus braves guerriers s’élancent contre lui ;
Tous de Léonidas ont la mâle assurance.