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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/109

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ŒUVRES DE FONTANES.

Sous ces monts foudroyés qu’éleva ton orgueil.

 Descends des hauts destins que ta fierté réclame.
Quels sont les vrais plaisirs et des sens et de l’âme ?
La paix, le nécessaire, et surtout la santé ;
La santé vit de peu, loin du vice effronté :
Douce vertu ! la paix en toi seule réside.

 La Fortune est aveugle aussi bien que perfide ;
Les bons et les méchants obtiennent sa faveur ;
Mais qui la mérita sent le mieux sa douceur.
Vois-tu ces deux rivaux qui courent après elle ?
L’un, de l’équité sainte observateur fidèle,
Par de nobles chemins veut toujours s’élever ;
L’autre n’arrive au but qu’en osant tout braver.
Qui des deux risque plus ? Si leur chute est commune,
Quel est celui, dis-moi, qu’on plaint dans l’infortune ?
Qui des deux est béni dans les jours du bonheur ?
Laissons le crime aveugle, au sein de la grandeur,
Vanter de ses faux biens l’éclat illégitime ;
Il n’a pas les plus doux, le repos et l’estime.

 Un Dieu juste gouverne ! et ton esprit borné
Croit le méchant heureux, le juste infortuné !
Aux lois de l’Éternel ton erreur fait outrage.
Dois-tu donc t’étonner que la vertu partage
Des malheurs qu’à tout homme également départ
L’inévitable loi de l’aveugle hasard ?
Vois expirer Falkland ; vois le divin Turenne
Par la foudre guerrière étendu sur l’arène !
Vois le jeune Sidney par le glaive abattu !