fois une conspiration toute récente, dirigée contre la supériorité de l’esprit et des lumières. Elle ressemble à ces philosophes dont parle Voltaire,
Qui criaient tout est bien ! d’une voix lamentable.
On dirait que cette perfectibilité, dont elle se fait l’apôtre,
n’est qu’un jeu de son imagination, qu’une
idée d’emprunt, ou du moins qu’une affaire de parti ;
mais qu’elle est toujours convaincue, quand elle s’exprime
dans un langage différent. Elle ne cesse de faire
entendre alors les plaintes d’une âme blessée dans
ses affections, dans ses vœux les plus secrets, et jusque
dans son amour-propre qu’elle ne déguise point.
Elle juge avec la plus grande rigueur ses contemporains,
dont elle désespère en dépit de leurs progrès
philosophiques : elle les enveloppe tous dans ses ressentiments
contre ceux qui l’ont méconnue ; et c’est
ainsi qu’il règne une contradiction perpétuelle entre
les mouvements de son âme et les vues de son esprit.
« Nous sommes, dit-elle, au plus affreux période de l’esprit public : l’égoïsme de l’état de nature, combiné avec l’active multiplicité des intérêts de la société, la corruption sans politesse, la grossièreté sans franchise, la civilisation sans lumières, l’ignorance sans enthousiasme, etc. » Elle ajoute plus bas : « Un tel peuple est dans une disposition presque toujours insouciante. Le froid de l’âge semble atteindre la nation toute entière… Beaucoup d’illusions sont détruites sans qu’aucune vérité soit éta-