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DE LA LITTÉRATURE.

sans doute porté les sciences modernes à un degré qu’elles ne pouvaient atteindre autrefois. En faut-il conclure que, dans tout le reste, nous raisonnions avec plus de justesse que les anciens, parce que nous sommes meilleurs géomètres et meilleurs physiciens ? Non sans doute. Les découvertes qui, dans ce genre, assurent notre supériorité, sont plutôt dues à des événements fortuits qu’à la raison perfectionnée. On dirait même que, pour mieux humilier l’orgueil de l’homme, elles ont été plus souvent accordées aux jeux de l’ignorance qu’aux spéculations du génie[1]. Le temps et le hasard revendiquent toujours une partie de la gloire des sciences. C’est pour cela que la gloire des savants subit, de siècle en siècle, tant de variations, et qu’elle est souvent éclipsée par celle de leurs successeurs ; car on ne peut assigner de limites à la marche infinie du temps, et prévoir tous les effets de cette puissance capricieuse et inconnue que nous appelons le hasard. Il faut le dire au milieu d’un siècle si fier de ses connaissances : les créations les plus brillantes et les plus durables sont celles de l’éloquence et de la poésie. Leur pouvoir est établi sur le cœur de l’homme, qui ne change point. Elles participent à l’intérèt éternel de ses passions et de ses sentiments, qui ont le même caractère dans tous les âges. Alexandre vivait dans les plus beaux temps de la philosophie ancienne : il était

  1. Témoins les deux jeunes enfants Zélandais, qui découvrirent en jouant le télescope.