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ŒUVRES DE FONTANES.


SECOND EXTRAIT.


(Fructidor an X.)


Quand un talent original paraît pour la première fois, il jette toujours un grand éclat. Ses ennemis ne se sont point encore rassemblés, et leur voix ne peut imposer silence à l’enthousiasme ; mais, quand ce même talent agrandi se développe dans une composition plus vaste et plus difficile, ses juges deviennent plus sévères, et ses succès sont plus disputés : c’est que la haine a eu le temps de prendre ses mesures, et de protester contre l’admiration publique. Tous les écrivains, faits pour obtenir la gloire, sont condamnés à cette épreuve nécessaire, qui doit plus les enorgueillir que les décourager : ils doivent surtout s’attendre à de longs combats, s’ils ont attaqué le système d’une faction dominante ; car on leur fait expier alors, et la supériorité de leur talent, et l’audace de leurs opinions.

Ces remarques s’appliquent naturellement à l’auteur du Génie du Christianisme. Les beautés d’Atala, son premier essai, ont été vivement senties. La sévérité des censeurs, en relevant avec amertume quelques défauts si faciles à corriger, n’a pu affaiblir l’effet de cette production, d’un genre tout nouveau. La critique a donc réuni tous ses efforts contre le second ouvrage du même écrivain, et cette fois elle a pu se promettre quelques avantages, puisqu’elle a pour