Quand un talent original paraît pour la première fois, il jette toujours un grand éclat. Ses ennemis ne se sont point encore rassemblés, et leur voix ne peut imposer silence à l’enthousiasme ; mais, quand ce même talent agrandi se développe dans une composition plus vaste et plus difficile, ses juges deviennent plus sévères, et ses succès sont plus disputés : c’est que la haine a eu le temps de prendre ses mesures, et de protester contre l’admiration publique. Tous les écrivains, faits pour obtenir la gloire, sont condamnés à cette épreuve nécessaire, qui doit plus les enorgueillir que les décourager : ils doivent surtout s’attendre à de longs combats, s’ils ont attaqué le système d’une faction dominante ; car on leur fait expier alors, et la supériorité de leur talent, et l’audace de leurs opinions.
Ces remarques s’appliquent naturellement à l’auteur du Génie du Christianisme. Les beautés d’Atala, son premier essai, ont été vivement senties. La sévérité des censeurs, en relevant avec amertume quelques défauts si faciles à corriger, n’a pu affaiblir l’effet de cette production, d’un genre tout nouveau. La critique a donc réuni tous ses efforts contre le second ouvrage du même écrivain, et cette fois elle a pu se promettre quelques avantages, puisqu’elle a pour