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ŒUVRES DE FONTANES.

pères, elle fut conquise par les enfants. » L’aspect de ce trophée fera naître encore de plus graves réflexions sur les causes qui élèvent les trônes ou qui précipitent leur chute. Il redira sans cesse combien la mort ou la vie d’un seul homme peut ôter ou mettre de poids dans la balance des destinées.

En effet, rappelons-nous cette époque où le monde étonné vit paraitre, à côté des grandes puissances, ces princes de la maison de Brandebourg, qui n’étaient pas même inscrits au premier rang des électeurs ! reportons-nous à leur berceau, suivons les progrès de leur fortune, voyons leur monarchie s’accroître et s’affermir sans relâche, et par les armes et par les négociations, et par la violence et par la ruse, et par ce génie audacieux et circonspect, suivant les conjectures, qui menace ou qui cède à propos, et qui, toujours soumis au calcul de l’intérêt, change, avec le temps, d’alliés, d’ennemis et de desseins. Quel événement a suspendu le cours de tant de prospérités ? La Prusse avait-elle affaibli le nombre de ses armées ? Non, ses armées étaient complètes, et nous entendions citer encore leur bravoure et leur discipline. Avait-elle dissipé son trésor ? Non, le désordre, introduit dans ses finances par des prodigalités passagères, était réparé par une sage économie. Elle ne manquait ni de bras ni de richesses ; elle possédait encore tout ce qui fait. en apparence, la force et la sûreté des empires, de l’or, du fer et du courage. Comment ces jours d’abaissement et de deuil furent-ils donc amenés si vite ? L’homme qui créa, qui fit mouvoir, qui soutint long-