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ŒUVRES DE FONTANES.

dre au premier. L’ombrageuse égalité ne peut donc se plaindre. On ne voit point là de privilège pour la terre, de prééminence pour les personnes : on n’y voit qu’une précaution salutaire pour la stabilité de notre système social.

Cette première conception nous parait heureuse. On a donc enfin reconnu qu’il fallait réunir en masse des intérêts communs pour élever de fortes barrières contre l’anarchie et le despotisme. Malheur à la funeste science qui décompose la société jusque dans ses derniers éléments pour la reconstruire ! Abjurons ces doctrines hasardeuses ; elles nous ont fait de trop grands maux.

On a dit, je le sais, que la Chambre aristocratique, la Chambre des Pairs, donnait à la haute propriété toutes les garanties dont elle a besoin ; mais on a dit aussi que l’aristocratie, telle que notre constitution l’établit, n’était plus convenable aux habitudes nationales, et cette double opinion a tour-à-tour été professée par les mêmes hommes. Je ne relève point cette singulière inconséquence. Je me borne à conclure que, si l’influence aristocratique est trop faible, il est bon de la fortifier. On atteindra ce but, en favorisant la haute propriété dans les collèges de département. On rapprochera l’esprit des deux Chambres par quelques gradations insensibles. Cet esprit ne doit pas être analogue, mais il ne faut pas qu’il soit ennemi. Les deux Chambres doivent concourir diversement au maintien de nos institutions politiques.