Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/140

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commencer par les premières règles d’arithmétique ; il n’avait de l’argent que pour sept mois, et il étudiait avec toute l’ardeur que demandait un fonds si court. De peur que son père ne découvrît par la lumière qui était dans sa chambre toutes les nuits, qu’il les passait à travailler, il étendait devant sa fenêtre les couvertures de son lit, qui ne lui servaient plus qu’à cacher qu’il ne dormait pas.

Son maître avait des bassins de fer, dans lesquels il polissait assez bien des verres de six pieds de foyer, et le disciple en apprit la pratique. Un jour qu’en badinant et sans dessein il présentait un fil de verre à la flamme d’une chandelle, il vit que le bout de ce fil s’arrondissait ; et comme il savait déjà qu’une boule de verre grossissait les objets placés à son foyer, et qu’il avait vu chez Leuvenhoeck des microscopes dont il avait remarqué la construction, il prit la petite boule qui s’était formée et détachée du reste du fil, et il en fit un microscope, qu’il essaya d’abord sur un cheveu. Il fut ravi de le trouver bon, et d’avoir l’art d’en faire à si peu de frais.

Cette invention devoir contre le jour de petits objets transparens par le moyen de petites boules de verre, est due à Leuvenhoeck ; et Hudde, bourgmestre d’Amsterdam, grand mathématicien, a dit à Hartsoeker qu’il était étonnant que cette découverte eût échappé à tous tant qu’ils étaient de géomètres et de philosophes, et eût été réservée à un homme sans lettres, tel que Leuvenhoeck. Apparemment il voulait relever le génie de l’ignorant, ou réprimer l’orgueil des savans sur les découvertes fortuites.

Hartsoëker, âgé alors de dix-huit ans, s’occupa beau-