Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandaient que le mystère cessât. Huyghens, qui avait promis très obligeamment à Hartsoëker des lettres de recommandation pour son voyage de Paris, fit encore mieux, et l’amena avec lui à Paris, où il revint en 1678. Le nouveau venu alla voir d’abord l’observatoire, les hôpitaux, les savans : il ne lui était pas inutile de pouvoir citer le nom de Huyghens. Celui-ci fit mettre alors dans le Journal des Savans, qu’il avait fait avec un microscope de nouvelle invention des observations très curieuses, et principalement celle de petits animaux ; et cela sans parler de Hartsoëker. Le bruit en fut fort grand parmi ceux qui s’intéressent à ces sortes de nouvelles ; et Hartsoëker ne résista point à la tentation de dire que le nouveau microscope venait de lui, et qu’il était le premier auteur des observations. Le silence en cette occasion était au-dessus de l’humanité. Huyghens était vivant, d’un rare mérite, et par conséquent il avait des ennemis. On anima Hartsoëker à revendiquer son bien, par un mémoire qui paraîtrait dans le Journal. Il ne savait pas encore assez de français pour le composer ; différentes plumes le servirent, et chacune lança son trait contre Huyghens.

L’auteur du journal fut trop sage pour publier cette pièce, et il la renvoya à Huyghens. Celui-ci fit à Hartsoëker une réprimande assez bien méritée, selon Hartsoëker lui-même, qui l’a écrite. Il lui dit qu’il ne se prenait pas à lui d’une pièce qu’il voyait bien qui partait de ses ennemis, et qu’il s’offrait à dresser lui-même pour le journal un mémoire où il lui rendrait toute la justice qu’il désirerait. Hartsoëker y consentit, honteux du procédé de Huyghens, et heureux d’en être quitte à si bon marché. L’importance dont il lui était