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seulement pour le faire voir pendant quelques semaines à sa femme, qui goûta tant ce séjour, qu’ils y revinrent en 1684, et y furent quatorze années de suite, les plus agréables, au rapport de Hartsoëker, qu’il ait passées en toute sa vie.

Les verres de télescopes, qui avaient été sa première occupation, lui donnèrent beaucoup d’accès à l’observatoire, où il n’y en avait que de Campani, excellens à la vérité, mais pas assez grands. Hartsoëker en fit un qu’il porta à feu Cassini, et il se trouva très mauvais. Un second ne valut pas mieux ; enfin un troisième fut passable. Cette persévérance, qui partait du fonds de connaissances qu’il se sentait, fit prédire à Cassini que ce jeune homme, s’il continuait, réussirait infailliblement. La prédiction fut peut-être elle-même la cause de son accomplissement ; le jeune homme encouragé fit de bons verres de toutes sortes de grandeurs, et enfin un de 600 pieds de foyer, dont il n’a jamais voulu se défaire à cause de sa rareté. Il eut l’avantage de gagner l’amitié de Cassini, qui seule eût été une preuve de mérite.

Sur ces verres d’un si long foyer, il dit un jour à feu Varignon et à l’abbé de Saint-Pierre, qui l’allèrent voir, qu’il ne croyait pas possible de les travailler dans des bassins ; mais qu’en faisant des essais sur des morceaux de diverses glaces faites pour être plates, on en trouvait qui avaient une très petite courbure sphérique, et par conséquent un long foyer ; qu’il avait même trouvé un foyer de 1200 pieds ; que cela dépendait en partie d’un peu de courbure insensible dans les tables de fer poli, sur lesquelles on étend le verre fondu, ou de la manière dont on chargeait les glaces pour les po-