Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/146

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lir les unes contre les autres ; que ces essais étaient plus longs que difficiles : mais il ne voulut point s’expliquer plus à fond.

En 1694, il fit imprimer à Paris, où il était, son premier ouvrage, l’Essai de dioptrique. Il y donne cette science démontrée géométriquement et avec clarté ; tout ce qui appartient aux foyers des verres sphériques, car il rejette les autres figures comme inutiles ; tout ce qui regarde l’augmentation des objets, le rapport des objectifs et des oculaires, les ouvertures qu’il faut laisser aux lunettes, le champ qu’on peut leur donner, le différent nombre de verres qu’on peut y mettre. Il y joint pour l’art de tailler les verres, et sur les conditions que leur matière doit avoir, une pratique qui lui appartenait en partie, et dont cependant il ne dissimule rien. Le titre de son livre eût été rempli, quand il n’eût donné rien de plus ; mais il va beaucoup plus loin. Un système général de la réfraction et ses expériences le conduisent à la différente réfrangibilité des rayons, propriété que Newton avait trouvée plusieurs années auparavant, et sur laquelle il avait fondé son ingénieuse théorie des couleurs, l’une des plus belles découvertes de la physique moderne. Hartsoëker prétend du moins avoir avancé le premier, que la différente réfrangibilité venait de la différente vitesse, qui effectivement en paraît être la véritable cause ; et parce qu’elle était inconnue, il a donné comme un paradoxe inouï en dioptrique, que l’angle de la réfraction ne dépende pas de la seule inégalité de résistance des deux milieux. Plus le rayon a de vitesse, moins il se rompt.

L’essai de dioptrique est même un essai de physique