Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/148

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toujours pour lui les mêmes sentimens. Le P. Malebranche et le marquis de l’Hôpital, qui reconnurent qu’il était bon géomètre, voulurent le gagner à la nouvelle géométrie des infiniment petits dont ils étaient pleins ; mais il la jugeait peu utile pour la physique à laquelle il s’était dévoué. Il dédaignait assez par la même raison les profondeurs de l’algèbre, qui, selon lui, ne servaient à quelques savans qu’à leur procurer la gloire d’être inintelligibles pour la plupart du monde. Il est vrai qu’en ne regardant la géométrie que comme instrument de la physique, il pouvait souvent n’avoir pas besoin que l’instrument fût si fin ; mais la géométrie n’est pas un pur instrument ; elle a par elle-même une beauté sublime, indépendante de tout usage. S’il ne voulait pas, comme il l’a dit aussi, se laisser détourner de la physique, il avait raison de craindre les charmes de la géométrie nouvelle.

Animé par le succès de sa dioptrique, il publia, deux ans après, ses Principes de physique à Paris. Là, il expose avec plus d’étendue le système qu’il avait déjà donné en raccourci ; et y joignant sur les différens sujets auxquels son titre l’engage, un grand nombre, soit de ses pensées particulières, soit de celles qu’il adopte, il forme un corps de physique assez complet, parce qu’il y traite presque de tout, et assez clair parce qu’il évite les grands détails, qui, en approfondissant les matières, les obscurcissent pour une grande partie des lecteurs.

Au renouvellement de l’académie en 1699, temps où il était retourné en Hollande avec sa famille, il fut nommé associé étranger : c’était le fruit de la réputation qu’il laissait à Paris. Quelques temps après, il fut