Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/149

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aussi agrégé à la société royale de Berlin ; et l’on peut remarquer que dans tous les ouvrages qu’il a imprimés depuis, il ne s’est paré ni de ces titres d honneur, ni d’aucun autre. Il a toujours mis simplement et à l’antique par Nicolas Hartsoëker ; bien différent de ceux qui rassemblent le plus de titres qu’ils peuvent, et qui croient augmenter leur mérite à force d’enfler leur nom.

Le feu Czar étant allé à Amsterdam pour ses grands desseins, dont nous admirons aujourd’hui les suites, demanda aux magistrats de cette ville quelqu’un qui pût l’instruire, et lui ouvrir le chemin des connaissances qu’il cherchait. Ils firent venir de Rotterdam Hartsoëker, qui n’épargna rien pour se montrer digne de ce choix, et de l’honneur d’avoir un tel disciple. Le Czar, qui prit beaucoup d’affection pour lui, voulut l’emmener en Moscovie : mais ce pays était trop éloigné, et de mœurs trop différentes ; l’incertitude des événemens encore trop grande, une famille trop difficile à transporter. Messieurs d’Amsterdam, pour le dédommager en quelque sorte des dépenses qu’il avait été obligé de faire pendant sa demeure auprès du Czar, lui firent dresser une petite espèce d’observatoire sur un des bastions de leur ville. Ils savaient bien que c’était là le récompenser magnifiquement, quoiqu’à peu de frais.

Il entreprit dans cet observatoire un grand miroir ardent composé de pièces rapportées, pareil à celui dont quelques uns prétendent qu’Archimède se servit. Le Landgrave de Hesse-Cassel alla le voir travailler ; et pour lui faire un honneur encore plus marqué, il alla chez lui. Comme les savans sont ordinairement trop