Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait attaqué le sentiment sur la lumière du baromètre, exposé dans l’histoire de 1701[1].

Bernoulli fit soutenir à Bâle sur ce sujet une thèse, où l’on ne ménageait pas Hartsoëker, qui s’en ressentit vivement. Il ramasse de tous côtés les armes qui pouvaient servir sa colère ; et comme il était accusé d’en vouloir toujours aux plus grands hommes, tels que Huyghens, Leibnitz, Newton, il se justifie par en parler plus librement que jamais, peut-être pour faire valoir sa modération passée. Surtout Leibnitz, qui n’entre dans la querelle qu’à cette occasion et très incidemment, n’en est pas traité avec plus d’égard ; et son harmonie préétablie, ses monades, et quelques autres pensées particulières, sont rudement qualifiées. On croirait que les philosophes devraient être plus modérés dans leurs querelles que les poètes, les théologiens plus que les philosophes ; cependant tout est assez égal.

Après que Hartsoeker se fut établi à Utrecht, il entreprit un cours de physique auquel il a beaucoup travaillé. Il y a fait de plus un extrait entier des lettres de Leuvenhoeck, parce qu’il trouvait que dans ce livre beaucoup d’observations rares et curieuses se perdaient dans un tas de choses inutiles, qui empêcheraient peut-être qu’on ne se donnât la peine de les y aller déterrer. On doit être bien obligé à ceux qui sont capables de produire, quand ils veulent bien donner leur temps à rendre les productions d’autrui plus utiles au public.

Son application continuelle au travail altéra enfin sa santé, qui jusque-là s’était bien soutenue. Peu de temps

  1. Pag. 1 et suiv.