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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/80

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passa pas la quatrième, et s’attacha uniquement à la profession de son père. Il vint à Paris à dix-huit ans s’instruire à l’Hôtel-Dieu, la meilleure de toutes les écoles pour de jeunes chirurgiens. Non content de ses exercices de jour, il dérobait subtilement un mort quand il le pouvait, l’emportait dans son lit, et passait la nuit à le disséquer en grand secret.

En 1681, il fit, à la prière de Lamy, docteur en médecine, qui donnait une seconde édition de son livre sur l’Âme sensitive, une description de l’oreille. Il reconnaît dans une lettre préliminaire adressée à ce docteur, et imprimée aussi, qu’il n’est qu’un simple chirurgien de l’Hôtel-Dieu ; et par là il insinue qu’il est bien hardi d’oser décrire une partie aussi délicate que l’oreille, et aussi inconnue aux plus habiles anatomistes ; qu’on ne le croira pas en droit de faire des découvertes : mais si on veut bien ne s’en pas tenir à des préjugés ordinairement si concluans, il s’engage à convaincre tout incrédule les pièces à la main. Dans la même année, il fut pourvu d’une charge de chirurgien de la feue reine.

En 1683, M. de Louvois le mit aux Invalides en qualité de chirurgien-major.

L’année suivante, le roi de Portugal ayant demandé au feu roi un chirurgien capable de donner du secours à la reine sa femme, qui était à l’extrémité, M. de Louvois y envoya Mery en poste ; mais la reine mourut avant son arrivée. Il n’y eut à Lisbonne aucun malade qui ne voulût le consulter, quelque peu digne qu’il en fût par son mal, ou au contraire, quelque désespéré qu’il fût. On lui fit les offres les plus avantageuses pour l’arrêter en Portugal ; on en fit autant en Espagne