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à son passage : mais rien ne put vaincre l’amour de la patrie.

À son retour, M. de Louvois le fit entrer dans l’académie des sciences, en 1684.

Cette même année, la cour allant à Chambor, le roi demanda à Fagon un chirurgien qu’il pût mettre, pendant le voyage, auprès du duc de Bourgogne, encore enfant. Fagon fit choix de Mery. On ne peut pas mettre en doute s’il s’acquitta de cet emploi avec toute l’application et tout le zèle possible : mais il se trouvait encore plus étranger à la cour qu’il ne l’avait été en Portugal et en Espagne ; et il revint, aussitôt qu’il le put, respirer son véritable air naturel, celui des Invalides et de l’académie.

En 1692, il fit un voyage en Angleterre par ordre de la cour, et ce qui paraîtra sans doute surprenant, on en ignore absolument le sujet. Peut-être s’est-on déjà aperçu que les faits rapportés jusqu’ici ont été assez dénués de circonstances, assez décharnés ; c’est la faute de celui qu’ils regardent. Après qu’il avait rempli dans la dernière exactitude ses fonctions nécessaires, il se renfermait dans son cabinet, où il étudiait, non pas tant les livres que la nature même : il n’avait de commerce qu’avec les morts, et cela dans un sens beaucoup plus étroit qu’on ne le dit d’ordinaire des savans. Il s’instruisait donc infiniment ; mais personne n’en eût rien su, si les opérations qu’il faisait tous les jours n’eussent trahi le secret de son habileté. Ceux qui sont fortement occupés à exercer une profession ou un talent, parlent du moins plus volontiers dans l’intérieur de leur famille, soit de leurs occupations présentes, soit de leurs projets ; on est obligé de les écouter, et ils