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ces volumes, a été son opinion sur la circulation du sang dans le fœtus, ou sur l’usage du trou ovale, directement opposée à celle de tous les autres anatomistes. Il fut cause que l’académie, dès son renouvellement en 1699, fut agitée par cette question. Un monde d’adversaires élevés contre lui, tant au dedans qu’au dehors de l’académie, ne l’ébranla point. Il publia même en 1700, hors de nos mémoires, un traité exprès sur ce sujet, auquel il joignit ses remarques sur une nouvelle manière de tailler la pierre, pratiquée alors par un frère Jacques, franc-comtois : c’est là le seul livre qu’on ait de lui. On ne sait point encore aujourd’hui quel parti est victorieux, et c’est une assez grande gloire pour celui qui seul était un parti. Il paraît, ainsi que nous osâmes le soupçonner il y a long-temps, que les deux systèmes opposés pourraient être vrais, et se concilier ; dénouement qui mériterait d’être remarqué dans l’histoire de la philosophie, et qui condamnerait bien la grande chaleur de toute cette contestation.

Mery était si retenu à former ou à adopter des systèmes, qu’il hésitait à recevoir, ou, si l’on veut, ne recevait pas celui de la génération par les œufs, si vraisemblable, si appuyé, si généralement reçu. Il n’en substituait pas d’autres à la place ; mais des structures de parties, qui effectivement ne s’y accordaient pas trop, l’arrêtaient[1] ; au lieu que les autres anatomistes se laissent emporter à un grand nombre d’apparences très favorables, et se reposent en quelque sorte sur la nature de la solution de quelques difficultés. Nous n’avons garde de décider entre leur hardiesse

  1. Voyez l’Histoire de 1701, pag. 38 et suiv., seconde édition.