Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
PRÉFACE.

grande reconnaissance. De plus, Van-Dale ne fait nulle difficulté d’interrompre très souvent le fil de son discours, pour y faire entrer quelqu’autre chose qui se présente ; et dans cette parenthèse là, il y enchâsse une autre parenthèse, qui même n’est peut-être pas la dernière. Il a encore raison ; car ceux pour qui il a prétendu écrire, sont faits à la fatigue en matière de lecture, et ce désordre savant ne les embarrasse pas. Mais ceux pour qui j’aurais fait une traduction, ne s’en fussent guère accommodés, si elle eût été en cet état. Les dames, et pour ne rien dissimuler, la plupart des hommes de ce pays-ci, sont bien aussi sensibles à l’agrément, ou du tour, ou des expressions, ou des pensées, qu’à la solide beauté des recherches les plus exactes, ou des discussions les plus profondes. Surtout, comme on est fort paresseux, on veut de l’ordre dans un livre, pour être d’autant moins obligé à l’attention. Je n’ai donc plus songé à traduire, et j’ai cru qu’il valait mieux, en conservant le fond et la matière principale de l’ouvrage, lui donner toute une autre forme. J’avoue qu’on ne peut pas pousser cette liberté plus loin que j’ai fait ; j’ai changé toute la disposition du livre, j’ai retranché tout ce qui m’a paru avoir peu d’utilité en soi, ou trop peu d’agrément pour récompenser le peu d’utilité ; j’ai ajouté, non-seulement tous les ornemens dont j’ai pu m’aviser, mais encore assez de choses qui prouvent ou qui éclaircissent ce qui est en question. Sur les mêmes faits et sur les mêmes passages que me fournissait Van-Dale, j’ai quelquefois raisonné autrement que lui ; je ne me suis point fait un scrupule d’insérer beaucoup de raisonnemens qui ne sont que de moi ; enfin, j’ai refondu tout l’ouvrage, pour