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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/254

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PRÉFACE.

le remettre dans le même état où je l’eusse mis d’abord selon mes vues particulières, si j’avais eu autant de savoir que Van-Dale. Comme j’en suis extrêmement éloigné, j’ai pris sa science, et j’ai hasardé de me servir de mon esprit tel qu’il est ; je n’eusse pas manqué sans doute de prendre le sien, si j’avais eu affaire aux mêmes gens que lui. Au cas que ceci vienne à sa connaissance, je le supplie de me pardonner la licence dont j’ai usé ; elle servira à faire voir combien son livre est excellent, puisque assurément ce qui lui appartient ici paraîtra encore tout-à-fait beau, quoiqu’il ait passé par mes mains.

Au reste, j’apprends depuis peu deux choses qui ont rapport à ce livre. La première, que j’ai prise dans les Nouvelles de la République des Lettres, est que Moëbius, doyen des professeurs en théologie à Leipsick, a entrepris de réfuter Van-Dale. Véritablement il lui passe que les oracles n’ont pas cessé à la venue de Jésus-Christ, ce qui est effectivement incontestable, quand on a examiné la question ; mais il ne lui peut accorder que les démons n’aient pas été les auteurs des oracles. C’est déjà faire une brèche très considérable au système ordinaire, que de laisser les oracles s’étendre au-delà du temps de la venue de Jésus-Christ ; et c’est un grand préjugé qu’ils n’ont pas été rendus par des démons, si le Fils de Dieu ne leur a pas imposé silence. Il est certain que selon la liaison que l’opinion commune a mise entre ces deux choses, ce qui détruit l’une ébranle beaucoup l’autre, ou même la ruine entièrement ; et peut-être après la lecture de ce livre, entrera-t-on encore mieux dans cette pensée ; mais ce qui est plus remarquable, c’est que par l’extrait de la