Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
PRÉFACE.

République des Lettres, il paraît qu’une des plus fortes raisons de Moëbius contre Van-Dale, est que Dieu défendit aux Israélites de consulter les devins et les esprits de Python ; d’où l’on conclut que Python, c’est-à-dire les démons, se mêlaient des oracles, et apparemment l’histoire de l’apparition de Samuel vient à la suite. Van-Dale répondra ce qu’il jugera à propos ; pour moi, je déclare que, sous le nom d’oracle, je ne prétends pas comprendre la magie dont il est indubitable que le démon se mêle : aussi n’est-elle nullement comprise dans ce que nous entendons ordinairement par ce mot, non pas même selon le sens des anciens païens, qui, d’un côté, regardaient les oracles avec respect, comme une partie de leur religion ; et de l’autre, avaient la magie en horreur aussi bien que nous. Aller consulter un nécromancien, ou quelqu’une de ces sorcières de Thessalie, pareille à l’Ericto de Lucain, cela ne s’appelait pas aller à l’oracle ; et s’il faut marquer encore cette distinction, même selon l’opinion commune, on prétend que les oracles ont cessé à la venue de Jésus-Christ, et cependant on ne peut pas prétendre que la magie ait cessé. Ainsi, l’objection de Moëbius ne fait rien contre moi, s’il laisse le mot d’oracle dans sa signification ordinaire et naturelle, tant ancienne que moderne.

La seconde chose que j’ai à dire, c’est que l’on m’a averti que le R. P. Thomassin, prêtre de l’Oratoire, fameux par tant de beaux livres, où il a accordé une piété solide avec une profonde érudition, avait enlevé à ce livre-ci l’honneur de la nouveauté du paradoxe, en traitant les oracles de pures fourberies, dans sa Méthode d’étudier et d’enseigner chrétiennement les poètes.