Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/278

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pas ? Selon l’intérêt de sa cause, il le devait faire ; et s’il ne l’a pas fait, assurément il avait quelque intention cachée.

On soupçonne que Porphyre était assez méchant pour faire de faux oracles, et les présenter aux chrétiens, à dessein de se moquer de leur crédulité s’ils les recevaient pour vrais et appuyaient leur religion sur de pareils fondements. Il en eût tiré des conséquences pour des choses bien plus importantes que ces oracles, et eût attaqué tout le christianisme par cet exemple, qui, au fond, n’eût pourtant rien conclu.

Il est toujours certain que ce même Porphyre, qui nous fournit tous ces oracles, soutenait, comme nous avons vu, que les oracles étaient rendus par des génies menteurs. Il se pourrait donc bien faire qu’il eût mis en oracles tous les mystères de notre religion, exprès pour tâcher à les détruire et pour les rendre suspects de fausseté, parce qu’ils auraient été attestés par de faux témoins. Je sais bien que les chrétiens ne le prenaient pas ainsi ; mais comment eussent-ils jamais prouvé par raisonnement que les démons étaient quelquefois forcés à dire la vérité ? Ainsi Porphyre demeurait toujours en état de se servir de ses oracles contre eux ; et selon le tour de cette dispute, ils devaient nier que ces oracles eussent jamais été rendus, comme nous le nions présentement. Cela, ce me semble, explique pourquoi Porphyre était si prodigue d’oracles favorables à notre religion, et quel tour avait pu prendre le grand procès d’entre les chrétiens et les païens. Nous ne faisons que le deviner, car toutes les pièces n’en sont pas venues jusqu’à nous. C’est ainsi qu’en examinant un peu les choses de près, on trouve