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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/277

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plus embarrassants que tous les autres. Eusèbe n’aura pas supposé à Porphyre des oracles qu’il ne citait point ; et Porphyre, qui était si attaché au paganisme, n’aura pas cité de faux oracles sur la cessation des oracles mêmes, et à l’avantage de la religion chrétienne. Voici, ce semble, le cas où le témoignage d’un ennemi a tant de force.

Mais aussi, d’un autre côté, Porphyre n’était pas assez malhabile homme pour fournir aux chrétiens des armes contre le paganisme, sans y être nécessairement engagé par la suite de quelque raisonnement, et c’est ce qui ne parait point ici. Si ces oracles eussent été allégués par les chrétiens, et que Porphyre, en convenant qu’ils avaient été effectivement rendus, se fût défendu des conséquences qu’on en voulait tirer, il est sûr qu’ils seraient d’un très grand poids ; mais c’est de Porphyre même que les chrétiens, selon qu’il paraît par l’exemple d’Eusèbe, tiennent ces oracles : c’est Porphyre qui prend plaisir à ruiner sa religion et à établir la nôtre. En vérité, cela est suspect de soi-même, et le devient encore davantage par l’excès où il pousse la chose ; car on nous rapporte de lui-même je ne sais combien d’autres oracles très clairs et très positifs sur la personne de Jésus-Christ, sur sa résurrection, sur son ascension ; enfin, le plus entêté et le plus habile des païens nous accable de preuves du christianisme. Défions-nous de cette générosité.

Eusèbe a cru que c’était un assez grand avantage de mettre le nom de Porphyre à la tête de tant d’oracles si favorables à la religion. Il nous les donne dépouillés de tout ce qui les accompagnait dans les écrits de Porphyre. Que savons-nous s’il ne les réfutait