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du système de la religion chrétienne, ou de la philosophie, ou du sentiment général des. païens et des chrétiens mêmes. Nous avons répondu à tout cela, non pas en nous tenant simplement sur la défensive, mais le plus souvent même en attaquant. Il faut présentement attaquer encore avec plus de force et faire voir, par toutes les circonstances particulières qu’on peut remarquer dans les oracles, qu’ils n’ont jamais mérité d’être attribués à des génies.


CHAPITRE X

Oracles corrompus.

On corrompait les oracles avec une facilité qui faisait bien voir qu’on avait affaire à des hommes. La Pythie philippise, disait Démosthène lorsqu’il se plaignait que les oracles de Delphes étaient toujours conformes aux intérêts de Philippe.

Quand Cléomène, roi de Sparte, voulut dépouiller de la royauté Démarate, l’autre roi, sous prétexte qu’il n’était pas fils d’Ariston son prédécesseur et qu’Ariston lui-même s’était plaint qu’il lui était né trop peu de temps après son mariage, on envoya à l’oracle sur une question si difficile, et, en effet, elle était de la nature de celles qui ne peuvent être décidées que par les dieux. Mais Cléomène avait pris les devants auprès de la supérieure des prêtresses de Delphes ; elle déclara que Démarate n’était point fils d’Ariston. La fourberie fut découverte quelque temps après, et la prêtresse privée de sa dignité. Il fallait bien venger l’honneur de l’oracle et tâcher de le réparer.

Pendant qu’Hippias était tyran d’Athènes, quelques