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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/309

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bureau de prophéties écrites, dont ils étaient les maîtres, les dispensateurs et les interprètes.

Je ne doute point que ces gens-là, pour l’honneur de leur métier, ne fissent quelquefois les difficiles avec ceux qui les voulaient gagner, surtout si on leur demandait des choses dont il n’y eût pas lieu d’espérer beaucoup de succès, telle qu’était la nouveauté que Lysandre avait dessein d’introduire dans le gouvernement de Sparte. Peut-être même le parti d’Agésilas, qui était alors opposé à celui de Lysandre, avait soupçonné quelque chose de ce projet et avait pris les devants auprès des oracles. Les prêtres d’Ammon eussent-ils pris la peine de venir du fond de la Libye à Sparte faire un procès à un homme tel que Lysandre, s’ils ne se fussent entendus avec ses ennemis et s’ils n’y eussent été poussés par eux ?


CHAPITRE XI

Nouveaux établissements d’oracles.

Les oracles qu’on établissait quelquefois de nouveau font autant de tort aux démons que les oracles corrompus.

Après la mort d’Éphestion, Alexandre voulut absolument, pour se consoler, qu’Éphestion fût dieu. Tous les courtisans y consentirent sans peine ; aussitôt voilà des temples que l’on bâtit à Éphestion en plusieurs villes, des fêtes qu’on institue en son honneur, des sacrifices qu’on lui fait, des guérisons miraculeuses qu’on lui attribue, et, afin qu’il n’y manquât rien, des oracles qu’on lui fait rendre. Lucien dit qu’Alexandre,