Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/310

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étonné d’abord de voir la divinité Éphestion réussir si bien, la crut enfin vraie lui-même, et se sut bon gré de n’être pas seulement dieu, mais d’avoir encore le pouvoir de faire des dieux.

Adrien fit les mêmes folies pour le bel Antinous. Il fit bâtir, en mémoire de lui, la ville d’Antinopolis, lui donna des temples et des prophètes, dit saint Jérôme. Or, il n’y avait des prophètes que dans les temples à oracles. Nous avons encore une inscription grecque qui porte :

A. ANTINOUS

LE COMPAGNON DES DIEUX D’EGYPTE

M. Ulpius Apollonius, son prophète.

Après cela on ne sera pas surpris qu’Auguste ait aussi rendu des oracles, ainsi que nous l’apprenons de Prudence. Assurément Auguste valait bien Antinous et Éphestion, qui, selon toutes les apparences, ne durent leur divinité qu’à leur beauté.

Sans doute ces nouveaux oracles faisaient faire des réflexions à ceux qui étaient le moins du monde capables d’en faire. N’y avait-il pas assez de sujets de croire qu’ils étaient de la même nature que les anciens, et pour juger de l’origine de ceux d’Amphiaraos, de Trophonius, d’Orphée, d’Apollon même, ne suffisait-il pas de voir l’origine de ceux d’Antinous, Éphestion et d’Auguste ?

Nous ne voyons pourtant pas, à dire le vrai, que ces nouveaux oracles fussent dans le même crédit que les anciens ; il s’en fallait beaucoup.

On ne faisait rendre à ces dieux de nouvelle création