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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/314

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CHAPITRE XII

Lieux où étaient les oracles.

Nous allons entrer présentement dans le détail des artifices que pratiquaient les prêtres : cela renferme beaucoup de choses de l’antiquité assez agréables et assez particulières.

Les pays montagneux, et par conséquent pleins d’antres et de cavernes, étaient les plus abondants en oracles. Telle était la Béotie, qui anciennement, dit Plutarque, en avait une très grande quantité. Remarquez, en passant, que les Béotiens étaient en réputation d’être les plus sottes gens du monde ; c’était là un bon pays pour les oracles : des sots et des cavernes !

Je ne crois point que le premier établissement des oracles ait été une imposture méditée ; mais le peuple tomba dans quelque superstition qui donna lieu à des gens un peu plus raffinés d’en profiter. Car les sottises du peuple sont telles, assez souvent, qu’elles n’ont pu être prévues ! et quelquefois ceux qui le trompent ne songeaient à rien moins et ont été invités par lui-même à le tromper. Ainsi ma pensée est qu’on n’a point mis d’abord les oracles dans la Béotie parce qu’elle est montagneuse, mais que l’oracle de Delphes ayant une fois pris naissance dans la Béotie de la manière que nous avons dit, les autres, que l’on fit à son imitation dans le même pays, furent mis dans des cavernes, parce que les prêtres en avaient reconnu la commodité.

Cet usage ensuite se répandit presque partout. Le prétexte des exhalaisons .divines rendait les cavernes nécessaires ;