Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/357

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et prétendait à l’empire pour avoir été flatté par un devin.

Nous avons vu qu’il restait encore beaucoup d’oracles lorsque Julien se vit empereur ; mais de ceux qui étaient ruinés, il s’appliqua à en rétablir le plus qu’il put. Celui du faubourg de Daphné, par exemple, avait été détruit par Adrien, qui, pendant qu’il était encore particulier, ayant trempé une feuille dans la fontaine Castalienne (car il y en avait une de ce nom à Daphné aussi bien qu’à Delphes), avait trouvé sur cette feuille, en la retirant de l’eau, l’histoire de ce qui lui devait arriver et des avis de songer à l’empire. Il craignait, quand il fut empereur, que cet oracle ne donnât le même conseil à quelque autre, et il fit jeter dans la fontaine sacrée une grande quantité de pierres dont on la boucha. Il y avait beaucoup d’ingratitude dans ce procédé ; mais Julien, selon Ammien Marcellin, rouvrit la fontaine ; il fit ôter d’alentour les corps qui y étaient enterrés et purifia le lieu de la même manière dont les Athéniens avaient autrefois purifié l’île de Délos.

Julien fit plus, il voulut être prophète de l’oracle de Didyme. C’était le moyen de remettre en honneur la prophétie qui n’était plus guère estimée. Il était souverain pontife, puisqu’il était empereur ; mais les empereurs n’avaient pas coutume de faire grand usage de cette dignité sacerdotale. Pour lui, il prit la chose bien plus sérieusement, et nous voyons, dans une de ses lettres qui sont venues jusqu’à nous, qu’en qualité de souverain pontife, il défend à un prêtre païen de faire, pendant trois mois, aucune fonction de prêtre. La lettre qu’il écrivit à Arsace, pontife de la Galatie,